Biographie de Danis Bois
Danis Bois est le précurseur du paradigme et de la philosophie du Sensible qui ont donné lieu à la psychopédagogie de la perception. Psychopédagogue reconnu internationalement, en 2002, il a fondé le CERAP qu’il a dirigé jusqu’en octobre 2017 pour développer l’étude de l’expérience corporelle, perçue, ressentie et pensée. Il s’intéresse à l’approche sensible du corps à travers 4 outils : le toucher de relation, la gymnastique sensorielle, l’entretien verbal à médiation corporelle et l’introspection sensorielle. Cela l’a conduit à développer également une recherche autour de l’expressivité, le sensible du corps étant à la fois l’outil et le terrain de l’expressivité du Sensible.
Actuellement, il poursuit son œuvre à travers le déploiement de la méditation pleine présence.
Extrait du livre : « La méditation pleine présence, les sept voies d’accès à la chaleur humaine » de Danis Bois et Isabelle Eschalier publié chez Eyrolles.
« Lorsque je suis arrivé à Lisbonne, je fus d’emblée séduit par cette ville à la lumière particulière. L’université Moderne située à quelques pas de la Torre de Belém, était accueillante et à dimension humaine. Je n’étais pas arrivé là par hasard, le Recteur connaissait mes travaux et souhaitait les inclure dans ses programmes.
La démarche spirituelle qui jusque-là avait orienté mon existence n’avait pas sa place dans ce monde, et en acceptant de participer à un programme universitaire, je renonçais à faire valoir une partie de ma vie, probablement la plus essentielle. Mais d’un autre côté, le monde de la spiritualité m’avait déçu. J’y avais trouvé un esprit étriqué même si son objet traite de l’immensité, de l’infini et de l’éternité.
Ce sentiment s’était forgé au décours de mes voyages en Inde, et de la fréquentation de diverses communautés spirituelles. Je rêvais d’un monde ouvert, inédit, neuf et je rencontrai un monde accompli une bonne fois pour toutes. En fait, j’avais fini par admettre l’idée que j’étais un électron libre dans le monde de la spiritualité. Un insoumis qui refuse les règles, les dogmes, et les diverses contraintes qui conduisent au graal.
A la spiritualité je préférai, à cette époque, la philosophie qui me semblait plus prometteuse au niveau de son essence tout en faisant la distinction entre la philosophie intellectuelle et la philosophie de terrain intégrée dans le quotidien.
Je décidais donc de surseoir un temps ma quête spirituelle pour me confronter à la rigueur scientifique et à l’exigence universitaire, pensant y trouver plus d’ouverture et d’innovation. Cet espoir fut vite anéanti car dès le premier rendez-vous, le discours s’est focalisé sur mon manque de diplômes académiques. Le diplôme d’état de kinésithérapie et le D.O. d’ostéopathie figurent dans le bas de l’échelle des diplômes universitaires et sont avant tout une certification professionnelle et non académique. J’avais bien trouvé le temps entre mes différents voyages et mon activité professionnelle de formateur, d’obtenir un diplôme universitaire de psychologie cognitive du développement du nourrisson à l’université Paris Descartes, mais celui-ci avait une valeur négligeable pour espérer enseigner à l’université. En fait, je découvrais que dans l’université, le graal est le doctorat.
Il me fallut donc à 50 ans, reprendre des études et entreprendre une maîtrise en psychopédagogie curative dans le cadre de l’université Moderne. Suite à ce cursus, je passais un DEA qui m’ouvrit les portes du doctorat en sciences de l’éducation de l’université de Séville en Espagne. Ma directrice de thèse, une espagnole dans l’âme, passionnée des récits de vie, estimait que mon inscription dans son université fermait la boucle de mon existence. Elle était sensible au parcours de réfugiée politique de ma mère venue en France en 1939 chassée par Franco et elle avait l’impression que je revenais vers mes racines.
Je souhaitais que ma recherche doctorale prolonge les pratiques qui ont émergé de mon parcours professionnel et notamment ce qui a trait au lien entre le corps et l’esprit. Le thème choisi Le corps sensible et la transformation des représentations de l’adulte[1] allait en ce sens. A travers cette thèse, le rôle du mouvement interne est apparu dans le processus de changement des représentations bien que je le présentais comme une étrangeté perceptive, j’ai pu mettre en évidence que pour vingt sept personnes, la rencontre avec le mouvement interne s’avérait être le starter des changements des représentations mentales.
Une fois mon doctorat obtenu, je possédais le graal qui m’ouvrait les portes de l’académie scientifique. Je devins professeur et avec mes collaborateurs, nous avons créé un master en psycho-pédagogie perceptive. L’université de Lisbonne fut un véritable laboratoire ciblé sur l’étude du lien conscient que la personne instaure entre le corps et le psychisme. Nos études montraient qu’en fonction de la qualité de présence, le lien entre le corps et l’esprit est optimisé.
Changement de cap : de Lisbonne à l’université Fernando Pessoa de Porto
Le master en psychopédagogie perceptive avait acquis ses lettres de noblesse à Lisbonne et fut ensuite transféré à l’université Fernando Pessoa (UFP) de Porto. Cette université est située dans un campus magnifique au centre duquel se trouve un palais comme on en trouve beaucoup à Porto. De couleur ocre, cet édifice est entouré de bâtiments à l’architecture moderne mais qui s’harmonisent avec l’histoire de ce lieu. Dans l’enceinte d’arrivée entourée de grands palmiers et de fleurs exotiques, trône la statue du grand poète portugais Fernando Pessoa à qui cette université doit le nom.
La première entrevue avec le recteur fut immédiatement positive.[2] J’apprenais à l’occasion de cette première rencontre que, pour consolider mon parcours académique, il fallait obtenir une agrégation de l’enseignement supérieur. Ainsi, durant une année, je menai de front la coordination d’un master en psychopédagogie et la rédaction de travaux qui m’ouvraient les portes de l’agrégation, afin d’obtenir l’habilitation à accompagner des recherches. Dans la foulée, j’obtins le titre de professor catedrático[3](titulaire d’une chaire) et le recteur me confia la coordination du doctorat en psychopédagogie perceptive dans le département des sciences sociales et me confirma à la direction du CERAP.
Le CERAP : Centre d’Etudes et de Recherches Appliquées en Psychopédagogie Perceptive
La pensée dominante dans les sciences est axée sur le quantitatif et les approches expérimentales. Très tôt dans ma carrière universitaire je me suis positionné en faveur des recherches qualitatives, plus appropriées pour étudier l’expérience vécue des personnes qui font l’expérience de leur intériorité corporelle. Cette science qualitative nous vient de Dilthey et Weber à la fin du siècle dernier et s’intéresse aux vécus de l’homme en tant que lieu de compréhension de conduite humaine. Elle prend en considération la subjectivité des personnes et l’expérience interne.
Dans cette perspective, la perception est omniprésente car au cœur de l’expérience vécue dans la pratique, tout découle des sens à partir desquels les autres activités cognitives se mettent en marche. La conscience, sans le préalable de la perception, serait « une existence d’esprit pur qui ne ferait que penser et savoir ». La perception, lorsqu’elle est habitée par une qualité de présence, la personne se sent impliquée, concernée et accède aux phénomènes subtils qui se donnent dans la méditation pleine présence ».
Curriculum Vitae : voir sur le site du cerap
Extrait (5 minutes) d’une conférence de Danis Bois à Clermont Ferrand à propos de son itinéraire de praticien à praticien réflexif, puis praticien chercheur
[1] Bois, D. 2007, Le corps sensible et la transformation des représentations de l’adulte, Thèse de doctorat, Université de Séville.
[2]Point d’appui : société française située à Ivry-sur-seine (France). À l’époque, cette structure d’enseignement libre était affiliée à l’académie de Créteil et à l’université Fernando Pessoa (Porto). Cette structure enseignait mes travaux.
[3] Titre le plus élevé dans la hiérarchie des professeurs au Portugal